Livre d'Or

Plan du site

Contact
  "Votre magnifique performance, votre première bataille, ont matériellement raccourci la route qui mène à la victoire."

General Harry L. Twaddle, commandant de la 95th Infantry Division

Northern France    Rhineland    Ardennes-Alsace    Central Europe

  ACCUEIL

  LA DIVISION

  LES BATAILLES

  LES VETERANS

  LA MEMOIRE

  HALLS D'HONNEUR

  ARCHIVES

  LIENS

  CONTACT

  Les Batailles

  La tête de pont à Uckange

  Le Château Brieux

  La libération de Woippy

  Le Pont du Sauvage

  Les Forts du Sud-Ouest de Metz


  Les journaux de la bataille de Metz

Le Pont du Sauvage
Date : 18 Novembre 1944
Lieu des faits : Le Ban-Saint-Martin & Longeville-lès-Metz, France
Unité présente : Company "I", 378th Inf. Reg.

The Battles of George S. Patton's Lowest Ranks - Fourth Edition.

Voir la vidéo de la zone de combat prise en 2005 (5,42Mo)...

  Le 3rd battalion du 378th infantry regiment est la seule unité disponible pour prendre le principal pont routier allant de Longeville jusqu'à l'île saint symphorien. Avec quelques tanks de soutien, la compagnie de tête tente de repousser une petite force allemande gardant l'extrémité occidentale. C'est le pont que Kittel avait ordonné de garder intact jusqu'à la dernière minute. Une section de la I company charge immédiatement pour le traverser mais les allemands le font sauter, tuant les hommes qui sont déjà dessus et laissant trois hommes arrivés sur l'autre rive. Le lieutenant crawford, un des chefs de la company, avait alors agit courageusement: il avait trouvé un petit bateau, et, sous un feu violent, il a pagayé en traversant la rivière pour récupérer les hommes qui s'étaient trouvés aussi soudainement isolés. Voici son témoignage de toute l'opération :

La I / 378 à l'assaut du Pont du Sauvage, raconté par le Capitaine Charles D. Crawford, commandant de l'opération. Company "I", 378th Infantry Regiment.

  « Hardgrave (commandant de la company) revient du PC du battalion vers 23h00, le 17 novembre avec des ordres pour le départ de la company à l'aube et la prise du pont principal partant de Longeville jusqu'à l'île Saint-Symphorien. Longeville et l'île sont une partie de la cité de Metz. Selon les ordre de Hardgrave, je devais mener la company avec la troisième section avec pour mission de prendre le pont. Il me fournit une section de tanks. 

  La distance jusqu'au pont est d'un peu moins de 3000 mètres à travers un secteur industriel avec un réseau dense de propriétés résidentielles. De là, le problème particulier de maintenir la route de progression aussi simple que possible pour réduire le nombre de routes et de coins de rues au strict minimum, si des ordres arrivent de parvenir au pont, sans se perdre. Mais nous ne pourrons suivre le plan à cause de l'obscurité. La 3rd section, avec des tanks, part à l'heure prévue. Le reste de la company suit. Tout se passe bien avec la marche dans l'obscurité jusqu'à ce que nous atteignons le dernier tournant, alors que les tanks continuent tout Droit. Les tankistes n'aiment pas avancer à travers des zones bâties avec leurs tourelles ouvertes, ils s'étaient ainsi enfermés. Malgré tous nos efforts pour attirer leur attention, le grondement du moteur des engins et le cliquetis des chenilles étouffent nos tentatives. Je rappelle mes hommes et nous continuons sur la route prévue. Le chef de la section de tanks ne sera pas content quand il saura qu'il se trouvait dans une zone résidentielle sans protection d'infanterie. L'aube approche rapidement et j'espère que nous serons au pont avant le jour, mais ce ne sera pas le cas. Nous arrivons en bloc sous le pont, sur le boulevard parallèle à la moselle.

   Entre le boulevard et la rivière, les allemands ont placé des charges explosives sur une rangée d'arbres. En m'approchant des arbres, j'aperçois que les fils entre les charges ont été coupés. Les habitants de ce secteur ont prit cette mesure pour sauver les arbres. J'espère qu'ils ont fait la même chose pour le pont. Celui-ci est clairement visible et les allemands ne le défendent pas. C'est une surprise car je m'attendais initialement à ce que ce pont soit solidement défendu. Et ensuite, ils se seraient repliés sur le pont, pour occuper des positions préalablement préparées pour une défense plus déterminées. Le pont est d'environ 80 mètres de long avec une approche très étroite et sinueuse. Le tournant dans l'approche est causé par la courte distance du pont au boulevard et du fait qu'il faut gagner une élévation d'environ 4 mètres jusqu'au niveau du pont.

  Quand nous commençons notre approche, nous devons marcher autour d'une douzaine de mines antichars éparpillées sur la rampe sinueuse. A cet instant, nous n'avons encore reçu aucun tir ennemi. L'ordre est de le franchir au pas de course. Le platoon du sergeant Bakken est avec l'équipe de tête. Quand cette équipe atteint l'extrémité de la rive ennemie du pont, les allemands ouvrent un tir précis sur le pont avec une mitrailleuse. Le premier homme à atteindre le côté ennemi et tué instantanément par la première rafale. En quelques secondes, le pont est couvert par des tirs intenses, principalement des balles traçantes depuis des immeubles situés à environ 80 mètres du pont. Les charges de démolition sont là et le pont explose, coupé en deux et s'effondrant dans la rivière.  

Ci-dessus : Joe Messina, tué au combat alors que son unité investit le pont lors de l’explosion.

Photo de la I / 378, Richard D. Hunton.

   Je me trouve sur la première travée du pont avec la 3e équipe de la section quand le pont explose. Nous faisons immédiatement demi-tour et fonçons hors du pont, plongeant par-dessus la rambarde jusqu'à la rampe d'accès. Aucun de nous est blessé. Une balle a touché le talon de mon soulier Droit, mais pas plus. 15 très bons soldats sont morts sur ce pont. Quand le pont a explosé, le sergeant Bakken et deux autres hommes étaient arrivés sur l'autre rive.

A gauche : Trois hommes de la I Company du 378th Infantry Regiment 

(De gauche à droite) : James O. Beerman, Franklin Heft, et Walter Hazlett.

Beerman et Heft seront tués lors de l’explosion du pont à Longevilles-lès-Metz.

The Battles of George S. Patton's Lowest Ranks - Fourth Edition.

  Simultanément, à l'explosion du pont, les allemands ont tiré sur nous avec un canon de 20mm depuis un champ se trouvant à 250 mètres de notre gauche, sur l'île. C'est une arme anti-aérienne qui peut être utilisée dans le combat d'infanterie. Les obus passent au-dessus de nous, certains explosant comme des feux d'artifice chinois, causant très peu de mal mais nous troublant quelque peu car nous n'avons pas l'habitude de l'usage de telles armes dans le combat d'infanterie.

  Nous revenons vite de notre surprise et les tirs continuent de passer au-dessus de nos têtes, "mâchonnant" les immeubles se trouvant derrière nous. Le lieutnant Bill Harrigan, le chef de la première section, et moi, nous obtenons un fusil mitrailleur, amené de l'arrière, nous rampons sur la rampe du pont et nous prenons le canon de 20mm sous notre tir. Notre tir neutralise le canon de 20mm et, soudain, il y a un silence de mort. Nous avions été si occupés que nous avions complètement oublié les tanks qui s'étaient fourvoyés. Je les entends au loin venant vers nous sur le boulevard. Je me mets à faire le clown pour attirer l'attention du chef de la section de tanks et lui indique d'avancer sur la rampe d'accès et de prendre sous son feu les immeubles d'où sont partis les tirs de la mitrailleuse. 

  Alors qu'il commence à escalader la rampe, je me rends compte que les mines anti-chars sont encore sur la route. Je récupère rapidement deux hommes et nous les balançons par-dessus la rambarde. Les tanks continuent sur la rampe d'accès du pont et prennent les immeuble sous leur feu. Il n'y a pas de répliques, c'est de nouveau un silence soudain. A partir de maintenant, le reste de la company est à côté des immeubles bordant le boulevard. C'est alors que le lieutnant Charles Walsh me dit que Hardgrave et quelques autres ont été blessés à un croisement de rues peu après notre avance pour prendre le pont. Alors que les informations arrivent en même temps, nous apprenons qu'outre Hardgrave, neuf autres hommes ont été blessés par des tirs d'artillerie provenant des gros canons du fort Saint-Quentin situé au-dessus de nous. Ce 18 novembre 1944, la I company a subit les plus lourdes pertes de toute la guerre. »

  Sur les 15 GI's tués sur le pont, certains ont malheureusement été projetés dans la rivière lors de l'explosion et le courant rapide les a emportés. Ils sont toujours portés disparus à ce jour.

Les ruines du pont Sauvage après les combats.

Mes remerciements à Richard E. Hunton et Charles D. Crawford. Extrait issu du rapport de Crawford:  "The Battle of Metz, Company "I" 378th Infantry, 95th Inf Division, November 1944" paru en 1990.